« On dirait pas…du tissu? »

Stanley Brouwn

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Stanley Brouwn à la Galerie Micheline Szwajcer. 8 Mai – 7 Juin 2008

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Rien de surprenant à présenter un lieu d’exposition vide. C’est presque un cliché maintenant de l’art contemporain : de Yves Klein à Rirkrit Tiravanija ou Gianni Motti, en faisant un détour par Jeppe Hein ou Claude Closky. Pourtant jamais ces espaces iconoclastes, où le regard n’effleure aucune autre aspérité que l’oeil de son voisin, ne sont des actes de refus. Certes, c’est à l’origine un acte de résistance à l’opacité des oeuvres et à la lourdeur du marché. Mais chacune de ces entreprises servait en fait à mettre à jour une autre dimension : mystique, ludique ou liant entre eux les visiteurs…

Stanley Brouwn est contemporain de cette génération qui a utilisé le mot, le vide, le blanc de la page ou qui a imposé l’idée de l’art comme un des matériaux possibles de production de l’art. Disons que Brouwn est un des grands noms de l’art conceptuel, même s’il brille par une absence savamment entretenue… Toutefois, conceptuel n’est pas en l’occurrence synonyme d’évanescent ou d’impalpable, ni même de spéculatif. Car le medium de Brouwn a une épaisseur palpable : celle du corps, qui plus est d’un corps en marche. A travers des objets (des classeurs) puis plus spécifiquement par la suite dans des livres qui consignaient des longueurs parcourues, mesurées en nombre de pas, il a développé une oeuvre simple, où la perception visuelle joue un rôle négligeable, mais où l’imagination se combine à l’expérimentation (d’un parcours, d’une longueur)…

Dans les deux salles vides de la galerie Micheline Szwajcer rien d’impalpable donc. C’est au contraire l’impassibilité du béton blanc et gris ou les surfaces déployées du sol et des murs qui occupent l’espace et donnent du poids au corps du visiteur qui explore l’espace en ruminant les quelques mots du cartel fixé au mur, comme seules traces auxquelles se raccrocher :

« le rapport entre la taille de votre corps et la longueur -, la largeur – et la hauteur de chaque espace de la galerie =

1: x

1: y

etc. »

 

 

 

 

Written by florentdelval

juin 18, 2008 à 10:13

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